Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/184

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lui amenait qu’une ou deux condamnées.

Elle côtoyait, entre ses deux gardiens silencieux, des maisons de faubourg. Les rares passants qui la croisaient ne levaient pas même la tête. Il y avait une telle habitude à Noirlieu de voir tous les jours passer des prisonnières !

Elle prenait une rue montante entre des jardins dont les arbres se penchaient au-dessus des murs. Du givre était tombé la nuit. Il avait gelé le matin. Le soleil brillait alors. Les arbres qui avaient conservé leurs feuilles paraissaient avoir des feuilles de cristal, et les enveloppes glacées de ces feuilles tombaient, à tout moment, faisant dans la rue, autour d’elle, sur le pavé, le bruit léger de verre cassé.

Elle croyait passer sous une ancienne porte de ville où, dans la vieille pierre, avait pris racine un grand arbre.

Elle était comme mal éveillée, et ses pieds la portaient sans qu’elle se sentît marcher.

À un détour, elle se trouva inopinément en