Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/208

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de ses yeux qui se mouillaient involontairement, laissait, de temps en temps, tomber une larme qui faisait scintiller, un moment, une goutte de rosée sur une fleur de soie.

Celle-là, Élisa la méprisait, la trouvant trop lâche.

Chez Élisa, chez cette nature sauvageonne qui avait toujours tenu de la chèvre rebellée, prête à repousser à coups de tête la main pesant sur elle, cet instinct de révolte était devenu plus accentué depuis que cette main était la main de la Justice. Toutefois, il faut le dire, le désintéressement de son crime faisait relever le front à la criminelle. Dans ce monde de femmes presque entièrement composé de voleuses, la superbe de sa probité donnait à tout l’être d’Élisa quelque chose de hautain et d’indigné. La rébellion de son cœur mutiné ne se manifestait par aucun acte, aucune parole, aucune infraction à la discipline ; elle était dans son regard, dans