Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/286

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l’absence des êtres du milieu où ils se trouvaient, l’étonnement des yeux revenant aux choses qui les entouraient, l’effort laborieux de l’attention, l’automatisme des gestes, enfin le vide des fronts sous lesquels on sentait le souvenir des vieux crimes vacillant dans des mémoires sombrées.

Ces femmes n’étaient point encore tout à fait des folles, mais déjà elles étaient des imbéciles. La prison n’avait plus de châtiments pour leur paresse et voulait bien se contenter de l’à-peu-près cochonné et bousillé par ces doigts maladroits.

Parfois l’immobilité d’une de ces femmes se trouvait tout à coup secouée par une inquiétude de corps, un remuement inconscient, un soubresaut qui la faisaient se lever, s’agiter un moment dans des gestes sans signification, puis se rasseoir.

Souvent, dans un coin, montait subitement à une bouche un flot de mots désordonnés qu’une obscure réminiscence des punitions