Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jaillir, en phrases courtes et saccadées, la détermination secrète et irrévocable de sa pensée depuis plus de six mois.

« Elle avait plein le dos de l’existence avec sa mère... l’ouvrage du bazar était trop abîmant... elle ne voulait pas devenir une tire-enfants... voici bien des semaines qu’elle l’attendait... c’était fini, elle avait pris son parti de donner dans le travers... elle allait partir avec elle... si elle ne l’emmenait pas,... elle entrerait dans une maison de Paris, la première venue... s’entendre avec sa mère, c’était vouloir débarbouiller un mort... Elle se sentait par moments la tête évaporée... elle connaissait bien un garçon qui avait un sentiment pour elle... mais ses amies qui s’étaient emménagées avec des amants, elle les trouvait par trop esclaves... elle aimait mieux être comme la lorraine... elle aurait du plaisir à se voir à la campagne... et au moins là, elle pourrait dormir tout plein. »

― Da ! fit la lorraine un peu étonnée, mais