Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/101

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— et de s’enfoncer la figure dans les efflorescences et les senteurs balsamiques des plantes sauvages échauffées par l’heure de midi ; — et de s’amuser à retenir captive, un moment, dans sa main fermée, la liberté d’un animal de la plaine ou du bois ; — et de rester, selon l’expression de Chateaubriand, à béer aux lointains bleuâtres ; — et de rire au coup de soleil d’été sur un lièvre en train de faire chandelier dans un sillon de champ ; — et de causer avec la tristesse d’un bois d’automne, en remuant sous ses pas des feuilles mortes ; — et de se procurer le mol engourdissement de « l’isolement songeur », la griserie sourde et contenue de l’homme primitif continuellement en contact amoureux avec la nature ; enfin de satisfaire par tous les sens, par tous les pores, pour ainsi dire, ce que Litz appelle le sentiment bohémien.