Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/103

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gard singulier qui troublait l’enfant cherchant à comprendre et ne comprenant pas. Puis de la bouche de la mère penchée au-dessus du front de son dernier-né, sortait bientôt lentement comme une murmurante litanie :

Pauvre petit adoré !
Pauvre petit chéri !
Pauvre petit cœur !

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .

Et dans la paix et le silence susurrant, les douces appellations continuaient longtemps en une espèce de triste mélopée, où un cœur brisé semblait pleurer. Et sans cesse revenait le mot « pauvre », ce mot que les mères et les amantes de la misérable Bohême, toujours peureuses de l’avenir des créatures aimées par elles, accolent perpétuellement à la caresse des diminutifs.