Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/128

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d’oseraies dévastées, et d’épines et de poiriers coupés au bord des routes parcourues par la caravane. Car le pitre occupait ses loisirs à tresser des paniers et à sculpter des cannes et des pipes : ouvrages artistiques où perçait comme la réminiscence d’un art appris dans un bagne, et qu’Agapit vendait à son profit pendant les entr’actes des exercices. Tout récemment Gianni venait d’avoir une affaire très désagréable avec le propriétaire de la Bouleaunière, un gentilhomme s’occupant de tours d’adresse, et qui avait hébergé pendant trois jours les saltimbanques dans son château. Après leur départ ne s’était-il pas aperçu que ses plus beaux bouleaux avaient été dépouillés de leur écorce par le pitre pour en faire des tabatières ? Au milieu des combats que se livraient l’honnêteté native du jeune directeur et sa répugnance à renvoyer un vieux compagnon, près duquel avait grandi son enfance, et parmi les dégoûts de toutes sortes, que chaque jour apportait à Gianni la