Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/133

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superposition de deux jongleurs n’en faisant qu’un, amenait dans le voltigement des boules, des jeux bizarres et inattendus, des jeux doubles, des jeux alternés, des jeux contrariés. Au trapèze Nello répétait tout ce que Gianni faisait, tournoyant dans l’orbite de son grand frère, tantôt confondu en sa vitesse, tantôt attaché de loin à la lenteur de son flottement mourant. Dans de nouveaux exercices que l’aîné avait étudiés pour produire et mettre en scène « le petit gymnaste », Gianni, couché sur le dos, faisait tourbillonner Nello, saisi, lancé, ressaisi par ses pieds : des pieds qui ressemblaient, en ces moments, avoir des préhensions et le doigté de véritables mains. Et c’étaient encore des tours communs et partagés, où se mariaient leurs forces, leurs souplesses, leurs agilités, et où, une seconde seulement, le manque d’entente de leurs deux corps, l’inintelligence de leur contact, pouvait amener pour l’un et pour l’autre, et quelquefois pour tous les