Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/151

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taient chacun un pantalon et un paletot. Ils faisaient aussi l’acquisition de bottines à vis et de casquettes.

Ils montaient alors dans un fiacre et se faisaient conduire au Cirque, où ils prenaient des premières, et avec l’instinct d’habitués de baraques de saltimbanques se plaçaient à l’entrée du côté gauche. Ils arrivaient le gaz baissé, la grande rosace de sable jaune dessinée au milieu de l’arène noire, non encore effleurée par le talon de l’écuyer à la chambrière ; et c’était pour eux un curieux spectacle que tout le détail de la menue préparation de ce spectacle de chevaux et de tours de force monté sur un si grand pied.

Le monde arrivait, la salle peu à peu se remplissait.

Bientôt un écuyer, qui reconnaissait des gens du métier à ces riens qui trahissent des gymnastes sous le costume bourgeois, à l’équilibre balancé des mouvements, au flottement ondulant du torse dans un paletot sans gilet,