Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/166

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Gianni voulant que son frère et lui vécussent de ce qu’ils gagnaient, parcimonieux de l’argent de la vente de la Maringotte, et cherchant à le garder pour un cas imprévu, pour un de ces accidents arrivant si souvent dans leur profession.

Cette dure vie avec la fatigue de ces incessants et conditionnels déplacements avait un but : elle permettait aux deux frères, par ces attachements volants de quelques jours, par cette succession de séjours dans des troupes différentes, d’étudier le travail de presque tous les gymnastes comiques de l’Angleterre. Au moyen de leur engagement comme trapézistes il était donné à Gianni et à Nello de s’approprier la singularité, l’originalité, la blague gymnastique de chaque clown aux côtés duquel ils vivaient une semaine ou deux, de pénétrer en un mot le genius intime et particulier de l’art dans toutes ses manifestations diverses chez des individus différents. Et tous deux s’exerçant dans le secret, cherchant,