Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout emmêlés de liserons. Au bas le piétinement des pêcheurs avait creusé dans l’herbe usée comme un petit escalier. Le pitre s’y glissait à plat ventre, et penché sur la transparence de cette eau, où le glaiseux de la berge, où le roux des racines s’effaçaient bien vite dans le bleuâtre d’un lit profond, son image ridicule mettait en fuite une troupe de poissons qui disparaissaient ainsi que des flèches obscures portées sur des ailerons lumineux.

La mère, son enfant au sein, regardait au milieu des ombres allongées sur la rivière le soleil abaissé à l’horizon et faisant en un endroit du courant une colonne de braise tournoyante ; elle regardait les vaguettes roulant à la fois brisés et l’azur du haut du ciel et la pourpre du couchant ; elle regardait avec des yeux fixes et profonds sur la surface miroitante les rapides glissements et le patinage sans trêve des araignées aux longues pattes… aspirant par moment, avec de petits