Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/172

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de peur et des surprises presque douloureuses, de ce remuement étrange et maladif de corps et de muscles, où passent mêlés à des pugilats ricanants, à des scènes d’intérieur horripilantes, à des cocasseries lugubres, des visions de Bedlam, de Newcastle, d’amphithéâtre d’anatomie, de bagne, de morgue. Et le décor le plus ordinaire de cette gymnastique, quel est-il ? — un mur, un mur de barrière sous une lumière suspecte, un mur où il y a encore dessus comme du crime mal essuyé, un mur sur la crête duquel apparaissent en habits noirs, ces modernes fantômes de la nuit, et qui en descendent avec des allongements de jambes qui deviennent longues, longues… comme celles que voient dans leurs rêves les mangeurs d’opium de l’extrême Orient ; puis là, avec la projection de leurs ombres falotes et disloquées sur ce blanc mur, qui semble un linceul faisant un drap de lanterne magique, commencent les tours de force maniaques, les gesticulations idiotes,