Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/181

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tour, le je ne sais quoi physionomique d’un regard, d’un sourire, d’une moue de dédain, par mille riens qui, en de certains moments, dans quelques attitudes de tête, sous des coups de jour particuliers, donnaient à voir en lui, Stépanida mieux revivante, que si son enfant en eût été l’image fidèle. Et maintenant dans la longueur des heures que les deux frères passaient en chemin de fer, au milieu de ces camarades parlant une autre langue, sous l’influence de la rêvasserie venant là dans l’ennui d’un interminable voyage, il arrivait à Gianni de regarder Nello pour se donner quelques instants l’illusion de retrouver, de revoir sa mère.

Un jour, où toute la troupe de Newsome était partie de Dorchester pour se rendre à Newcastle, Gianni avait en face de lui Nello dans le wagon, dormant la tête renversée, le nez en l’air, la bouche ouverte, et toussant de temps en temps sans que sa toux le réveillât. Le soir était venu, et avec le jour