Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/209

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de saltimbanque, de leur passé de misère, s’est humanisé dans l’aisance, la considération, la petite gloire de leur existence actuelle.

Du reste, les deux frères étaient faits pour plaire au personnel du Cirque. L’aîné avait de sérieuses qualités de franc et dévoué camarade, et cela, avec sur sa figure grave, un bon et doux sourire en éclairant la gravité un peu triste. Le plus jeune, lui, avait fait tout de suite la conquête de tous, par son entrain en société, ses badinages gamins, un rien même de taquinerie qu’il savait rendre caressante, et par le remuement, et par l’animation, et par le bruit qu’il jetait dans l’ennui, l’embêtement de certains jours, et par la séduction indéfinissable d’un joli, plaisant et vivant être au milieu d’individus soucieux, et par ce charme, dérideur des fronts, que secouait et répandait autour de lui, depuis son enfance.