Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/245

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et ce qu’ils faisaient semblait si peu appartenir à aucun en particulier, que les bravos s’adressaient toujours à l’association, et qu’on ne séparait jamais le couple dans l’éloge ou le blâme. C’est ainsi que ces deux êtres étaient arrivés à n’avoir plus à eux deux, — fait presque unique dans les amitiés humaines, — à n’avoir plus qu’un amour-propre, qu’une vanité, qu’un orgueil, qu’on blessait ou qu’on caressait à la fois chez tous les deux.

Tous les jours, les habitants de la rue des Acacias voyaient sympathiquement, du pas de leurs portes, passer et repasser les deux frères, marchant côte à côte, le jeune frère un peu en arrière le matin, un peu en avant le soir à l’heure du dîner.