Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/260

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de Vienne, de Berlin, de Saint-Pétersbourg qu’elle quittait le jour où elle se déplaisait, sans le moindre souci des dédits.

Riche à plusieurs millions, l’énergique et bizarre femme était traversée de fantaisies pareilles à celle de cette impure qui, saisie de la tentation soudaine d’aller en traîneau l’été, faisait sabler de sucre en poudre les allées d’un parc : des fantaisies ayant en leur caprice despotique, un brin de déraison, de folie, d’insenséisme, et comme prises de l’ambition de faire de l’impossible, du surhumain, des choses défendues par la nature et Dieu, et cela, avec la brutalité du vouloir de la race américaine arrivée à la possession de l’argent. C’est ainsi qu’à son arrivée en Europe, en un hôtel acheté à Vienne, elle avait voulu avoir « une machine à tempête » dans sa chambre à coucher, et que le mécanisme de cette tempête à domicile avec la roue à palette tournant dans l’eau, avec les petits et grands jeux de l’ouragan simple et du cyclone,