Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/275

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sautait en sueur en bas de son cheval, une saine odeur de froment et de pain chaud.

À ce corps s’attachait par un cou fier, une tête aux traits réguliers, au petit nez droit et court, à la lèvre supérieure toute rapprochée du nez dans le sourire, mais une tête à laquelle des cheveux d’un blond ardent, des yeux gris qui avaient des lueurs d’acier, des clartés cruelles sous la transparence du teint, des lueurs pareilles à celles qui courent sur la face des lionnes en colère, donnaient une physionomie fauve, animale.

Les regards jetés par la Tompkins au clown, n’avaient ni coquetterie ni tendresse, ils se posaient presque durement sur lui, scrutant son anatomie avec un peu de l’attention marchande d’un œil d’eunuque noir achetant à un marché d’esclaves. Toutefois l’œil de la Tompkins tout le temps que Nello était dans le Cirque, fixait le jeune homme, pris, sans qu’il pût en donner une raison, d’une antipathie instinctive pour l’Américaine, et qui se