Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/327

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les pieds posés sur les rebords du tonneau, dans un équilibre parfait.

À ce moment, dans la reprise de la musique célébrant la réussite de l’exercice et dans le tonnerre de ces applaudissements qu’obtiennent seuls les tours de force, on voyait, sans bien comprendre, Gianni se courber vers le tonneau avec des regards surpris, tandis qu’un de ses bras étendu derrière lui semblait vouloir arrêter dans son élan son frère que l’on apercevait dans la pose envolée du départ : les deux bras en l’air, les deux mains tombantes de chaque côté de la tête, et comme battant de l’aile. Mais déjà la musique avait cessé avec cet arrêt brusque, apportant une constriction dans les poitrines, déjà Nello avait frappé sur le tremplin son dernier appel, et Gianni se redressant jetait par-dessus l’épaule à son frère un « Go » hésitant, inquiet, désespéré, et qui avait l’intonation de ces « à la grâce de Dieu » poussés en un de ces instants mortels où il faut prendre un parti,