Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/331

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fatalement finie, pris de l’âpre besoin de revoir l’homme tombé, de le revoir un moment debout sur ses pieds, leur disant, par sa présence en des bras le soutenant, qu’il n’était pas tout à fait mort.

La masse compacte des écuyers, ainsi que des soldats qui auraient reçu la consigne de ne pas bouger, interceptait l’entrée du passage intérieur, les mains appuyées sur la barrière, et ne laissant rien lire sur leurs visages baissés. Au beau milieu de l’arène, la charpente et les accessoires du dernier exercice restaient abandonnés et sans qu’on les enlevât ; les musiciens tenaient leurs instruments, avec sur eux des mains et des souffles suspendus ; et dans tout ce monde figé, l’arrêt soudain de la vie animée et bruyante de ce spectacle des jeux de la Force était tragiquement étrange.

Le temps passait toujours, et toujours aucune nouvelle de l’homme.

Enfin un écuyer se détachait du groupe, s’avançait d’une dizaine de pas dans le Cirque,