Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/336

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êtres ; et devant la douleur contenue et le profond désespoir de cet homme faisant, sous son costume et le paillon de ses oripeaux, mal à voir, il lui jetait :

— « Où demeurez-vous ? »

— « Ah bien loin, monsieur ! »

— « Mais où, je vous le demande ? » fit le chirurgien presque brutalement.

« C’est bien, — reprit-il, quand Gianni lui eut donné son adresse, — j’ai une visite ce soir dans le haut du faubourg Saint-Honoré !… je serai chez vous sur les minuit… munissez-vous de planchettes, d’alèses, de cordons… le premier pharmacien vous dira ce qui vous est nécessaire… mais il doit y avoir dans quelque coin un brancard… ça fait partie des accessoires d’ici, ça… le blessé souffrirait moins dans le transport. »

Le chirurgien aidait à charger le jeune clown sur le brancard, soutenait, pendant qu’on le portait, avec toutes sortes de précautions, la jambe cassée en deux endroits, et la plaçait