Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/343

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Sans savoir où il allait, Gianni se trouvait toujours dans le bois de Boulogne, situé à quelques pas de sa porte, dans ce bois, où rejeté des grandes avenues par le joyeux bonheur de la promenade des heureux du jour, il s’enfonçait dans une solitaire petite allée.

Là, exaltées par la marche, les pensées de sa douleur se mettaient à parler tout haut, et devenaient en quelque sorte ces espèces de cris entrecoupés, par lesquels ont besoin de jaillir d’une poitrine les grands et profonds chagrins qui se trouvent tout seuls.

« Est-ce assez bête !… quoi, n’étions-nous pas gentiment comme nous étions… pourquoi avoir voulu autre chose… la belle nécessité, je vous le demande un peu, qu’il soit dit qu’un saut que les autres n’avaient pas fait… nous l’ayons fait, nous !… ah, misère !… et ce que ça lui rapporte ?… c’est moi !… car lui… il n’avait pas ce sacré désir de faire parler de lui !… non, non… et oui, et quand l’enfant renâclait… c’était moi