Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/379

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— « Pourquoi, lui disait l’aîné, pourquoi es-tu si découragé aujourd’hui ? »

— « Lis-moi un peu d’Archangelo Tuccaro, » répondait le jeune, après un silence.

Et le frère aîné prenant le livre, s’arrêtait dans sa lecture au bout de quelques instants, s’apercevant que Nello ne l’écoutait pas, qu’il était tombé dans une tristesse faite de pensées si angoisseuses, que cette terrible tristesse lui donnait envie de pleurer sans qu’il osât l’interroger. Dans ces journées entièrement passées près de son frère, il arrivait une fois par hasard que Gianni quittait un moment Nello, et bientôt, par la fenêtre de sa chambre ouverte, Nello entendait un quart d’heure, une demi-heure la sonnerie des anneaux du trapèze autour duquel tournait Gianni.

Quand Gianni rentrait, il trouvait son frère tout singulier, avec quelque chose d’agacé et de contradicteur dans l’esprit. Et une fois que Gianni avait laissé le trapèze lancé à