Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/41

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recommencer un exercice qu’on lui demandait, et son corps, en mouvement dans les applaudissements, semblait ne vouloir jamais s’arrêter. Il éprouvait des contentements infinis de l’accomplissement satisfaisant d’un tour, de l’élégance et de la correction de sa réussite. Ce tour à l’écart, et pour lui seul, il le travaillait et le retravaillait, s’efforçant de l’améliorer, de le perfectionner, de lui donner la grâce, la prestesse, la magie avec lesquelles l’adresse et l’agilité triomphent d’apparentes impossibilités du monde physique. Les nouveaux tours qu’il ne savait pas et dont le bruit venait jusqu’à la baraque de son père, il les cherchait avec des chagrins et des désespoirs comiques, les poursuivait obstinément jusqu’à ce qu’il les eût trouvés. Et sa première interrogation aux gens d’une troupe qu’il croisait sur une route était toujours : « Eh bien, y a-t-il un tour nouveau à Paris ? »

Il passait des nuits agitées, de ces nuits d’a-