Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/61

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confort. On l’apercevait laisser retomber avec le poids son bras tendu, quand la musique s’arrêtait, et ce bras ne se retendre que lorsque l’orgue repartait. Avant chaque exercice, on entendait sa voix soupirer sur la note plaignarde d’un enfant : « Allons, messieurs, un petit bravo. »

Quand, par hasard, un caleçon avait été jeté du haut du tréteau, et qu’une lutte devait suivre, fait rare ! — la musculature du redoutable athlète intimidant les gens ; — l’Hercule s’avançait vers son adversaire avec un air d’ennui qu’on ne peut exprimer, et comme tout disposé à lui payer quelque chose pour qu’il consentît à ne pas le faire remuer inutilement. Et il se dépêchait bien vite de lui faire faire la grenouille : triste et navré et inconsolable, quand une contestation le forçait à le tomber une seconde fois, en lui faisant toucher le sol des deux épaules d’une manière bien visible pour tous. Dépêtré de l’homme étendu à terre qu’il n’avait pas