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temps, la tête en bas, il se retrouvait à terre sur ses pieds, après un saut périlleux.

Avec ce trapèze, au bout de ce tremplin des bras, qui développe des élasticités de muscles et de nerfs surhumaines, Gianni faisait mille exercices, dans lesquels le corps du trapéziste semble prendre quelque chose de voltigeant, d’aérien.

Il se suspendait par un bras, et son corps montait et descendait par une de ces ascensions qui se dévident de côté, et telle que les artistes japonais en donnent aux corps des singes dans leurs originales suspensions de bronze.

Le trapèze apportait au jeune homme une espèce de griserie du corps ; il n’avait jamais assez travaillé et ne cessait ses exercices qu’aux cris répétés de : « Assez, assez ! » d’une foule prise d’un peu de terreur devant les audaces croissantes de l’acrobate.

« Messieurs, nous allons continuer… par la continuation, » disait sentencieusement le pitre.