Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/66

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l’autre, tout en se courbant, se baissant, s’accroupissant sur ses jambes rentrées sous elle. À ce moment, se renversant en arrière, elle se couchait tout de son long sur le fil invisible, dans une immobilité de dormeuse, la tête sur l’épaule, les cheveux épandus, les pieds posés l’un sur l’autre, avec quelque chose du repos palpitant de deux oiseaux réunis sous la même aile. C’était quelque temps, au milieu de cheveux épars et d’étoffes flottantes, le nonchalant balancement dans l’air d’un corps de femme qui paraissait ne reposer sur rien. Puis, tout à coup, par une suite de saccades des reins, et après deux ou trois demi-soulèvements de son torse retombant, la Talochée se trouvait, par un redressement subit, droite sur ses pieds, toute bruissante du remuement des paillons de sa jupe, presque jolie dans l’animation de sa grâce agile, dans le plaisir des applaudissements.

« Messieurs, la dernière exercice », jetait le pitre.