Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/81

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Avec sa boiserie repeinte tous les ans, les rideaux blancs de ses petites lucarnes, les images d’Épinal collées sur les paravents, racontant en la barbarie naïve du dessin de vieilles légendes, et la banne de Nello dans un coin, ce petit et étroit et bas appartement du ménage riait comme une proprette boîte, qu’emplissait la douce senteur aromatique de matelas remplis par Steuchâ de thym coupé à l’époque de sa floraison.

Au-dessus du bourgeois lit d’acajou, une loque éclatante était accrochée à un clou : la jupe de la jeunesse de la bohémienne, du temps qu’elle dansait en Crimée, une jupe sur laquelle étaient cousus des morceaux de drap rouge, découpés en cœurs sanglants.