Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/99

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dans le Dauphiné, en pleine sapinée, contre une scierie disparaissant dans l’écume de la chute d’eau et des claires cascatelles que remontent les truites. Un jour, ils étaient en Auvergne, au-dessus des gouffres et des précipices, sous des arbres étêtés par le vent, dans le mugissement des aquilons et dans les cris de vautours. Un jour, ils étaient en Provence, en l’angle d’un mur rompu par la pousse d’un énorme laurier-rose, et sillonné de fuites de lézards, avec sur eux l’ombre étoilée d’une grande vigne, avec à l’horizon une montagne rousse portant une villa de marbre.

Un jour, on rencontrait la troupe couchée dans un chemin creux du Berry ; un autre, arrêtée au bas d’un calvaire de l’Anjou ; un autre, ramassant les châtaignes d’une châtaigneraie du Limousin ; un autre, faisant la chasse aux anguilles de haies d’une lande de la Gascogne ; un autre, poussant les voitures en un chemin montueux de la Franche-Comté ; un autre, côtoyant un gave des Pyrénées ; un