Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les lèvres du chantre, passer à travers les poitrines le frisson de la défaillance d’un Dieu !

Et le récitatif continuait, coupé par les reprises exultantes du chœur, tout cette tempête de clameurs, le bruit caricatural, comique et féroce du peuple homicide, la joie discordante et blasphémante des foules demandant le sang d’un juste, les éclats de voix aigres au : Crucifige ! et au Barabbas ! qu’écrasait la douloureuse basse sous un grand dédain résigné.


XXIV

Ce chant, cette voix qui avait fini par l’ineffable note mourante et crucifiée, le Lamma sabachtani du Golgotha, laissaient à Madame Gervaisais un long écho qu’elle emportait, une vibration dont le tressaillement continuait aux endroits sensibles de son être, montant jusqu’à ses lèvres qui,