Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/117

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s’éteignaient un à un comme d’eux-mêmes ; et le chaos redoutable du fond entrait dans le chaos de la nuit, obscurant le public, si serré, si étouffé contre la barrière du chancel que les prêtres, dans la foule, retournaient avec la langue les pages de leur Semaine Sainte.

Un peu de clarté ne restait plus que dans la tribune, sur le mur de droite, au balcon de balustres à la petite rampe surmontée d’un pupitre, où Mme Gervaisais pouvait encore lire : Cantate domino ; la tribune des chanteurs pontificaux ayant seuls le droit de chanter devant le Pape et les Cardinaux en chapelle, n’exécutant que le chant Grégorien et la musique dite alla Palestrina. Par une fenêtre derrière eux, une filtrée de jour blanc éclairait, d’un rayon vespéral de printemps du moyen-âge, la dentelle de leurs cottes, la soie violette de leurs soutanes, de leurs ceintures, du collaro de leur cou. Et un instant, au-dessus du pupitre, passa la tête d’un jeune chanteur, souvenir des enfants de chœur, aux joues enflées, de Lucca della Robia.