Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/13

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— Et cette petite langue, elle ne parle donc pas ? — dit l’italienne.

― Il est un peu retardé pour son âge… — et le front de l’étrangère devint tout à coup sérieux. Elle reprit presque aussitôt d’un ton brusque : ― Ainsi, c’est bien cela, n’est-ce pas ?… une petite antichambre, la cuisine de l’autre côté du palier avec une chambre de domestique, et ces quatre pièces qui se suivent…

― Oui, signora… Nous, nous nous retirerons dans la petite chambre du fond… Nous n’avons pas besoin de plus pour nous deux, n’est-ce pas, ma mère ?

Et la romaine se tourna vers une vieille femme, aux superbes traits ruinés, qui se tenait debout dans la dignité de sa robe de deuil, silencieuse, assistant à cette conversation échangée en une langue qu’elle ne comprenait pas et dont elle semblait tout deviner avec l’intelligence méridionale de ses yeux.

— Eh bien ! c’est convenu… j’arrête l’appartement…

― Ah ! signora, ce n’est pas cher… Si, cette