Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/143

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la guérite de peaux de bête, carillonnante de sonnettes ; la rue de Rome, la rue rousse, où soudain éclate et rit, comme le blanc d’une fleur, le blanc d’un corsage de femme, avec la transparence de son tablier sur sa jupe rose et le rouge de son collier de corail sur le brun orangé de son cou.

La chaleur, le temps que les cochers appellent tempo matto, le temps fou, et où des ondées d’une minute mouillent le pavé, presque aussitôt ressuyé et remontrant ses dés de mosaïque blanche, n’arrêtaient point ces grandes courses de Mme Gervaisais, à laquelle ne déplaisait pas l’aspect d’un vicolo s’éteignant dans le violet d’un gros nuage de pluie, et ces ciels théâtraux d’orage, avec leurs éclaircies blafardes, leurs déchirures gigantesques et tourmentées, derrière tout ce que Rome dresse de monumental en l’air.

Elle admirait avec une vivacité un peu voulue, s’excitant à admirer, se disant tout haut à elle-même « C’est beau ! … »

Les dimanches, elle prenait l’habitude de passer toute sa matinée au Campo di Fiori,