Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/155

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méandres de remous dans le courant brisé d’une onde. Elle ne se lassait pas, dans ces vastes musées, de se promener sous l’éternité des gestes suspendus, de frèler un jeune faune tentant d’une grappe de raisin la patte levée et les dents d’une panthère ; le bord d’un vase où s’enroulait une ronde bachique ; le socle où se levait quelque type admirable de l’éphébisme grec, de cette jeunesse antique qui dessinait celle d’Apollon.

Et sa longue visite ne finissait jamais sans qu’elle fît une dernière station de recueillement sur le banc, en face le bloc mutilé et sublime devant lequel passe et repasse, sentinelle du siècle qui le retrouva, un hallebardier suisse : le Torse ! ― le Torse d’Apollonius, tronçon qu’on dirait détaché du ciel de la Grèce, à son plus beau jour, et qui est là, brisé des quatre membres, comme un grand chef-d’œuvre tombé d’un autre monde !


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