Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/179

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s’en touchait le front. Et rien que cela, et toujours, au milieu des adorations balbutiantes, des contemplations extatiques, des attitudes fascinées, des immobilités mortes coupées de signes de croix, au bas de cette Vierge qui, de seconde en seconde, entend le bruit d’un baiser sur son pied, ― le pied le plus adoré du monde, et dont l’idolâtrie des bouches ne décolle jamais !

Émouvant et troublant sanctuaire, que ce coin de San-Agostino, cette chapelle d’ombre ardente, de nuit et d’or, l’apparence de ce grand marbre ranci, l’affadissante odeur des cierges et de l’huile des veilleuses, ce qui reste dans l’air d’une éternité de prières, les souvenirs des murs, les images parlantes des victoires sur la mort, ce silence chargé d’élans étouffés, la respiration pressée de tous les cœurs, un marmottage de foi amoureuse, suppliante, invocante, ce qu’on sent flotter partout de toutes les entrailles de la femme apportées là ! Lieu de vertige et de mystère, un de ces antres de superstition marqués toujours fatalement sur un coin