Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/209

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ressentait de la musique, des voix, de ce qu’ont, pour amollir et ravir, la grave onction et la volupté tendre du Sacrifice divin.

Mais plus encore que le reste de l’église, une chapelle l’attirait : la chapelle de Saint-Ignace. Son pas, instinctivement, y allait à son entrée, à sa sortie.

Une barrière ronflante et contournée, sombre buisson de bronze noir, aux entrelacs balançant des corps ronds d’enfants, et portant sur des socles de pierres précieuses huit candélabres opulemment tordus ; un autel d’or au fond duquel une lampe allumée mettait un brasier de feu d’or ; partout de l’or, de l’or orfévré, étalé, épanoui, éteignant, sous ses luisants superbes, le vert et le jaune antiques ; au-dessus de l’autel, un bloc d’où jaillit le rinceau d’un cadre enfermant, caché, le Saint d’argent massif, un cadre porté, enlevé, couronné par des anges d’argent, de marbre et d’or ; au-dessus, l’architrave, sa tourmente, l’enflure de ses flots sculptés, un ruissellement de splendeurs polies, un groupe