Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/250

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jambes de Giuseppe. Et depuis ce jour, dans ces retours que Mme Gervaisais prolongeait par un bout de promenade sur le chemin du Poussin ou le long du Teverone, c’était, tout le temps, dans la voiture, des amitiés, des embrassades, une intimité, où la lichade de Trovato se mêlait au baiser de Pierre-Charles. Pour le pauvre petit bonhomme, auquel l’isolement et toutes les défiances nouvelles de sa mère défendaient la société de ses petits semblables, pour le petit concentré, obligé de s’amuser tout seul, sevré de ce plaisir même du jeune animal : le jeu, ― ce chien bon, affectueux, caressant et joueur, était un ami avec lequel il pouvait jouer, dépenser cette surabondance d’activité et de tendresse que l’enfant a besoin de répandre autour de lui et à sa hauteur, sur des enfants ou des êtres enfants.

Aussi, bientôt cette heure passée avec le caniche, et où le caniche était tout à lui, devint-elle le bonheur de Pierre-Charles, qu’il attendait dès le matin, et qui lui remplissait sa journée.