Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/256

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d’une perfection que vous ne pouvez atteindre, du moins dans ce moment… Il faudrait… »

Mais brisant sa pensée, il se tut, réfléchit quelque temps, et d’un ton plus lent, plus appuyé, de l’accent profond d’un médecin des âmes qui voudrait graver une ordonnance dans un esprit malade, il reprit :

« Dites-vous bien, je voudrais vous pénétrer de cette vérité, que la « scrupuleuse » n’a pas le dictamen de la conscience droite, que son esprit obscurci ne sait pas discerner avec justesse ce qu’il faut faire pour se conduire, qu’elle doit se comparer à une créature frappée tout à coup de cécité, qui pour parcourir la ville, pour circuler dans les voies terrestres de ce monde, serait forcée de prendre un guide lui indiquant où poser le pied, avec certitude qu’il lui faut pareillement dans les voies spirituelles où elle s’engage à tâtons et en aveugle, la main et la voix directrices de son directeur. Efforcez-vous donc… ― et il mit une note presque dure dans le bénin de sa parole inlassable et coulante ―… efforcez-vous