Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/302

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les lisant dans la cour ; et revenant, le pas malheureux, quand le buraliste lui avait dit : Niente… À présent, elle passait des mois sans les faire retirer, ne s’occupant plus de ce qu’il y avait encore pour elle de sympathique mémoire en France. Cette Honorine, la domestique devenue presque une amie par le dévouement à sa maladie et à son exil, Honorine l’eût quittée le lendemain qu’elle n’en eût eu d’autre ennui que la perte d’une habitude.

Pour son fils, quoiqu’elle eût peur de s’interroger là-dessus, et n’osât pas, à propos de lui, se dire à elle-même tout le secret de son cœur, son fils, il fallait bien qu’elle se l’avouât, n’était plus toute sa vie. Elle l’aimait toujours, mais non plus du même amour, l’amour unique, jaloux, furieux, dévorant, qui la faisait folle de lui comme les chaudes et vraies mères. Pénible idée qu’elle chassait et repoussait aussitôt, se jetant sur son Pierre-Charles, se rattachant et se réchauffant à lui pendant des deux ou trois jours, avec des emportements de baisers, tout l’arriéré de ses tendresses, des étouffements