Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/316

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l’appartement devenu, aux yeux de la vraie chrétienne, une auberge pour son corps d’un jour. Elle n’aimait plus les fleurs, n’y respirait plus ce qu’elle y respirait autrefois. Elle ne faisait plus de musique, n’en entendait plus. Elle ne regardait plus que des tableaux d’ex-voto ou des imageries de sainteté. Elle se complaisait à la misère presque sordide des lieux et des êtres dans ces églises du Transtevere qui sentent l’aigre d’une crèche d’enfants, mêlée à ces femmes guenilleuses laissant un morceau de loque sur le pavé à la place de leur prière. Elle n’était plus blessée par la laideur de rien. L’artiste, la femme prédestinée aux jouissances raffinées du beau, était parvenue à se faire, de ses sens exquis et raffinés, des sens de peuple.

La nature, les paysages, elle ne les goûtait plus. La forme, le décor de la matérialité humaine et terrestre perdait, autour d’elle, son intérêt, presque sa réalité ; et dans tout le visible et tout le sensible d’ici-bas, périssable et mortel, elle ne percevait plus qu’une sorte de cadavéreuse beauté