Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/319

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Maître, avec des tressaillements dans la prière, un attendrissement de délices, ces louchements et ces douceurs spirituelles, cette inénarrable jouissance des grâces sensibles après lesquelles ces tendresses avaient si amèrement soupiré sans pouvoir y atteindre. Maintenant elle se trouvait dans la confiance et l’abandon de la femme qui se livre toute à Jésus et se cloue à lui. Elle ne s’épanchait en rien autre chose, possédant en Lui, et plus parfaitement, et plus durablement, et plus pleinement, et plus purement, tous les objets auxquels elle renonçait pour son amour, brûlante d’une flamme toujours ardente, toujours active, pour ce qui était l’occupation, la joie, la jubilation, la béatitude d’une passion qui, hors de là, ne pouvait rien goûter. Continuellement elle éprouvait jusqu’au cœur cette insinuante pénétration, qui s’y glissait avec une douceur si forte et une force si douce que, la retirant du monde, elle la forçait à rentrer en elle-même, à se replonger dans le recueillement de ces grands silences intérieurs où venaient flotter autour