Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/32

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— Allons ! Honorine, dépêchons-nous de l’habiller… je suis vaillante ce matin… Nous allons sortir toute la journée… Il faut le faire beau, mon fils, aujourd’hui.

Et la toilette commença. La mère attacha au cou de l’enfant une de ces collerettes d’alors qui encadraient si bien d’un tuyauté de linge blanc la joue de l’enfance. Aidée par Honorine, elle lui passa ses grands bas écossais, son court pantalon de velours noir. Le petit bonhomme se laissait faire, regardait ce qu’on lui mettait, avec un plaisir profond, presque recueilli, une gravité de bonheur que n’ont pas les garçons de cet âge. Il entra dans sa veste de velours. Sa mère lui noua au cou un ruban de soie cerise. Puis Honorine le chaussa d’escarpins à talons, lui posa sur la tête un toquet de velours noir ayant pour aigrette une plume de héron tenue par l’agrafe d’argent d’un chardon d’Écosse : l’enfant était habillé ; et charmé dans ce costume artistique, un peu théâtral, qu’avait inventé pour lui le goût de sa mère, il restait comme respectueux de lui-même.