Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/338

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d’une feuille d’aloès, et d’où s’avançaient çà et là des arceaux de briques antiques, arcade d’égout portant un jardin de roses sauvages ou de citronniers d’or. Machinalement, Mme Gervaisais oubliait son regard sur le fleuve qui coulait au bas, jaune, roulant impassiblement, dans son eau aveugle et trouble, des trognons de broccoli sur le lit des chefs-d’œuvre noyés dans sa bourbe. Sa plus longue course, celle que lui permettaient encore ses forces, était de mener Pierre-Charles un peu plus loin, dans l’île de Saint-Bartholomé, sur le petit pont des Quattro Capi, à ce bout de Tibre, étranglé par les moulins, les baraques de bois avec leur longue roue à palette, leurs barrages, leurs estacades, leurs passerelles de bois pliantes, ― un coin d’eau ancien, rappelant ces cours encombrés de vieux fleuves dans des vieilles villes qu’on voit sur les topographies de Mérian.

Là, l’enfant, la joue posée sur le parapet, s’amusait un peu au jeu du tournoiement incessant du girarello, le filet romain avec ses deux balances plongeant à tout moment