Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/348

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vers moi, vos yeux abaissés sur moi, vos bras ouverts devant moi, en signe de clémence et de pardon… Mais vous ne me répondez pas, mon Dieu ? … Mon Dieu ! mais est-il juste que cet enfant soit malheureux et qu’il souffre par moi ? … que je le tue ! … moi qui l’ai déjà estropié en lui donnant la vie ! … Car vous m’avez frappée à sa naissance, mon Dieu… Oh ! je ne vous accuse pas, mon Dieu ! … Vos volontés sont à vous… Mais faut-il qu’il en meure à présent, mon pauvre innocent d’enfant ! … Répondez-moi, mon Dieu… Vous ne me répondez pas, mon Dieu… »

Et la misérable femme, gémissante et sanglotante, se tordait à terre, sous le crucifix, ainsi qu’une mère de fils condamné aux pieds d’un juge impitoyable et muet. Et la nuit s’avançant, la douleur désespérée de ses supplications, le cri de cette grâce qu’elle demandait toujours plus haut, finissaient par réveiller Honorine qui crut un moment quelqu’un entré chez sa maîtresse. Pieds nus, elle vint écouter à la porte de la chambre, effrayée.