Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/355

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elle ne voulait pas entendre parler de rien racheter.

De jour en jour, depuis des mois, elle avait fait plus étroites, plus mesquines, plus honteuses, les privations pour elle et autour d’elle. À la suite du renvoi du domestique, puis de la voiture, elle avait restreint la dépense de l’intérieur, resserré sa maison, sa vie, celle de son enfant, avec la plus extrême parcimonie d’une avarice maniaque, et qui, venant d’elle, surprenait Honorine, ne pouvant y trouver d’autre explication qu’un caprice de malade, et ne sachant ce que devenait l’argent de Madame.

Cette âpreté, cette dureté impitoyable contre elle-même et les autres ne faisait que croître. Si frileuse qu’elle aurait mieux aimé « se passer, disait-elle, de pain que de feu », elle se refusait la chaleur d’un brasero par les matinées ou les soirées froides.

Quand Mme Gervaisais s’était établie dans le Transtevere, Honorine avait pensé à ne pas laisser sa maîtresse s’empoisonner avec les plats italiens de la trattoria du