Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/358

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morte à tout ce qui n’était pas Dieu, elle réalisait en elle un tel détachement du passager, du viager d’ici-bas, un tel dépouillement de tout elle-même, de la tentation même de rentrer dans sa conscience d’être, qu’elle se réduisait à ce rien qu’a essayé d’exprimer la langue mystique en volant au sépulcre l’image du cadavre dans sa poussière !

Et dissoute, pour ainsi dire, par cette mort factice, elle commençait à sentir lui venir l’appétit de la vraie mort. La Grâce lui donnait son dernier coup ; elle ôtait d’elle l’attachement le plus fort et le sentiment le plus enraciné : la passion de vivre, la terreur de mourir. Lentement et sombrement enivrée, Mme Gervaisais devenait « amoureuse de la Mort » ; et la Mort lui tardait comme une venue d’amour. Elle en avait faim et soif. Et elle s’impatientait de l’attendre.


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