Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/361

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mystérieuses, des haleines par des fentes, l’air étouffé et fade qu’elle respirait, et qui lui faisait appliquer de temps en temps sa bouche et son front sur le sable humide, l’inquiétude instinctive du chemin sans fin, la peur confuse de l’inextricable dédale, le trouble des idées dans les lieux sans ciel, ne pouvaient arrêter sa curiosité, son envie nerveuse d’aller plus loin, de voir, de voir encore, et faisant signe au moine, qui se retournait, de marcher toujours devant elle, poussant son enfant pour le faire avancer, elle suivait l’ombre maigre de son conducteur, dont elle n’apercevait d’éclairé que le pouce tenant le cierge et un bout d’oreille. Enfin, lasse d’errer, quand elle avait fait boire à son âme et à ses sens la terreur sainte de cette carrière de reliques, elle revenait, remplie de la mort et de la nuit souterraines, à l’escalier d’entrée, un grand escalier aux marches de marbre usées, déformées, creusées sous les pas des porteurs et des ensevelisseuses ; une filtrée de jour d’un blanc céleste y descendait, versant