Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/363

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tirées au ciel, les chars renversés au milieu de l’arène, l’urne fleurie du silicernium funèbre, parfois la vague image d’une porte entrebâillée, toute la poésie dont les anciens voilaient et purifiaient la fin humaine, la délivrant de l’épouvante de la dissolution, changeant la dépouille en une cendre, l’ordure de la tombe en une flamme le matin, en une pincée de souvenir le soir. Maintenant elle allait aux charniers de Rome, aux Capucins, à l’Oratoire de la Mort, à la Confrérie des sacconi de Saint-Théodore-le-Rond, partout où la mort étale la décoration de ses restes, s’arrange et se contourne en hideuse rocaille, se désosse en ornements, fait des bossages avec des fémurs, orne les trumeaux de pubis et d’os iliaques, suspend aux corniches l’élégance des métacarpes et des métatarses. Elle parcourait ces caveaux des Franciscains où l’on fait voir, accroché en lustre au plafond, un squelette d’enfant, qui fut une petite princesse Barberini, tenant d’une main une faulx composée de mandibules de mâchoires, de