Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/365

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Gervaisais se décida à attendre cette fin dont elle avait eu l’avide impatience, laissant maintenant à Dieu le choix de sa dernière heure, prête à mourir s’il le voulait, résignée à vivre s’il l’exigeait.

Après ce sacrifice d’un dernier désir, elle n’eut plus de désir. Une immense passivité de fatigue et d’écrasement lui donnait, pour tout, une espèce d’effrayante insensibilité. On eût dit qu’un grand calme apathique la mettait comme au delà des sensations humaines. Elle n’attendait plus rien, elle n’espérait plus rien, elle n’avait plus envie de rien, elle n’était plus touchée par rien. Parfois, elle avait dans les yeux l’absence et l’effacement d’un regard d’aveugle ; et elle tombait dans un abîme d’indifférence où le vide, les épuisements, les pertes de son être, paraissaient la faire presque un peu défaillante à la Religion même.


CVII

À l’heure de l’Ave