Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/377

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de folie religieuse. Elle envoya son fils chez le docteur Monterone ― quant à reprendre le docteur pour elle, elle y montra une répugnance que son frère ne crut pas devoir combattre.

Les jours suivants, il l’emmena dans des promenades, de petites excursions, des dîners aux hôtels, tâchant de la délivrer de son passé, cherchant à la tenir toute la journée avec lui dans une légèreté de distraction. Elle s’abandonnait sans résistance à ce qu’il désirait, le remerciait d’être bon et gai comme il l’était, souriant quelquefois à son rire, laissant tomber de temps en temps une parole sérieuse ou savante sur ce qu’ils regardaient ensemble, un regret sur une ruine, une pensée de convalescente. Cependant le frère croyait apercevoir, sous ce qu’elle laissait paraître, un sourd travail pour se ressaisir, un pénible et continuel effort à se soulever d’une sorte de stupeur, d’un sommeil de fatigue, d’un accablement mortel. Il y avait surtout des moments où, après les visites qu’il lui faisait faire, le masque d’animation de la