Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Pourtant la malheureuse faisait bien tout ce qu’elle pouvait pour avoir l’air vivant, presque heureux avec les siens, avec son Pierre-Charles qu’elle ne pouvait plus quitter, et qu’il lui fallait toujours là. Elle en avait besoin à son réveil, et dans ces matinées paresseuses et traînantes des malades, pendant ces courts ensommeillements qui jouissent, les yeux fermés, d’une présence aimée, elle voulait l’avoir près d’elle sur son lit, sur ses pieds. Dans la calèche, elle aimait ses mains dans les siennes, le contact de ce petit corps sur lequel elle penchait le sien, le serrant jalousement contre son flanc, dans son châle, respirant l’air de sa bouche, la vie de ses yeux maintenant sans tristesse, et où la mère voyait remonter le beau sourire intelligent du cœur de son enfant.

Son ton avait changé avec Honorine : dans la façon dont elle lui parlait, il y avait une excuse attendrie, une indirecte demande de pardon. Honorine, tout heureuse, préparait joyeusement le départ, la fuite de cette ville de malheur, ravie et